Projet soutenu par la Fondation Casino
Le projet Oliver Twist – L’indifférence sociale est un processus d’écriture et de création qui associe des enfants, une équipe de créateurs et des structures culturelles. Il s’agit de faire vivre aux enfants toutes les étapes amenant à la réalisation d’un spectacle. C’est un projet participatif, un accès à la culture pour tous.
Animés par l’envie de défendre les droits de l’enfant, nous souhaitons interroger les inégalités sociales et les processus qui les portent. Nous abordons les misères de l’enfance sans savoir. Quelle est l’issue à la misère ? Quelle issue à l’iniquité sociale : le vol ou le partage des richesses ? Comment lire sa condition, quelle ambition avoir, comment sortir des carcans stéréotypés ?
Nous voulons aussi initier et impliquer les enfants dans un projet artistique : un projet fort et exigeant qui fasse appel à des professionnels. Nous devons montrer aux enfants (certains sont issus d’un milieu culturellement défavorisé) que la pensée guide l’art, qu’on fait de l’art pour dire des choses, que dire ce qu’on pense est vital pour la construction d’une société.
Il s’agit enfin d’amener les enfants au théâtre, d’éveiller leur regard, leur sens critique. Il nous faut contribuer à ce que chaque élève puisse bénéficier d’une sensibilisation au spectacle vivant et à la culture en lien avec le projet d’école.
Le rôle de l’artiste n’est-il pas de susciter le questionnement, d’éprouver les certitudes, d’éveiller, de créer l’émulation, de fédérer autour d’une œuvre ?

L’œuvre : Oliver Twist de Charles Dickens
Oliver Twist raconte la lutte universelle d’une humanité qui cherche à se tenir debout, à s’ériger, à se sauver du sarcasme. C’est une critique éclairée d’une société bien pensante qui prône la morale et qui reste, par ses actes, profondément immorale. Oliver Twist, par sa candeur et sa vision saine des rapports humains, se révèle être un personnage humaniste porteur d’utopies, et fondateur, peut-être, d’une société nouvelle.
L’œuvre de Charles Dickens, Oliver Twist, nous donne des axes pour nous interroger avec les enfants et leurs parents sur les inégalités sociales : les misères de l’enfance sans savoir, les cloisonnements liés à la misère, à l’iniquité sociale, la difficulté d’y échapper.
Penser son monde c’est déjà agir pour le modifier.
Quels sont « mes droits » ? Pourquoi l’iniquité ? Et demain, on fait quoi ? Penser et agir… L’action comme remède à la misère.
Ateliers
Ce projet, conçu pour les enfants, prend son sens dans une démarche globale enclenchée depuis plusieurs années par la Compagnie Le Souffleur de verre autour de ses créations. Il s’agit cette fois de fédérer plusieurs disciplines artistiques : écriture, théâtre, musique, scénographie et mise en scène, au sein de plusieurs ateliers.
Atelier n°1
20 heures d’atelier de dramaturgie ludique avec les élèves d’une classe de CM2, sous la direction de Julien Rocha et Delphine Grept.
Il s’agit de décrypter l’œuvre originale : lecture à voix haute d’extraits, compréhension et ré-investissement du roman de Charles Dickens, dans l’idée d’adapter le roman en dialogues et scènes. Le but est que cette adaptation puisse être prise en charge par les enfants, que la ligne dramaturgique vienne d’eux et que le sens développé soit à la hauteur de leurs envies et de leurs lectures du monde. Au final, on passera d’un roman de 600 pages à une pièce de 45 minutes maximum.
Atelier n°2
20 heures d’atelier d’initiation musicale avec les élèves de classes de CE1 et de CM1-CM2, sous la direction de Benjamin Gibert et Julien Rocha.
Puiser la matière musicale et sonore au cœur de l’enfance, à l’endroit de l’ouverture au monde, de son questionnement, de son exclamation. Avec leur énergie et leurs arythmies, avec leurs innombrables surprises, leur naïveté, les enfants livrent leur langage mélodique de manière spontanée. Ils nous offrent le son de leur monde. Cette matière musicale sera travaillée comme une série de tableaux narratifs. Elle dessinera un paysage harmonique à l’intérieur duquel les jeunes comédiens diront le texte. La musique apportera ainsi une nouvelle dimension poétique aux mots, sans les paraphraser. Elle viendra balancer le texte, décalera le consensus, amènera cette légèreté vitale pour parles des choses graves. L’objectif final sera donc de composer une bande sonore pour obtenir une matière musicale qui sera diffusée pendant le spectacle, ainsi que de faire travailler une partie des élèves sur des chansons en chorale qui seront également chantées pendant le spectacle.
Atelier n°3
50 heures d’atelier d’initiation théâtrale avec les élèves d’une classe de CM1, sous la direction de Delphine Grept et Julien Rocha.
Au travers d’exercices impliquant le corps et la voix, il s’agira d’explorer les chemins qu’emprunte une imagination créatrice : le jeu, la jubilation enfantine à jouer, à construire une narration avec le corps et l’espace. Lorsqu’on est enfant, on joue à jouer, sans fard. Nous chercherons au travers d’exercices ludiques à personnifier les émotions grâce l’empathie : qu’est-ce qu’une « grosse colère » ? c’est quoi « la peur » ? c’est quoi « moi, ici et maintenant » ?
Dans un second temps, il s’agira d’aborder les thématiques du spectacle : construire des petites saynètes, inviter les enfants à composer des improvisations corporelles, apprendre à travailler en groupe, chercher à comprendre le sens des choses. Des ateliers auront lieu sur les thèmes des différences et inégalités sociales auxquelles sont confrontés les personnages du roman, que ce soit comme témoins ou victimes. Nous privilégierons l’action et le rapport direct avec les élèves dans un processus d’apprentissage adapté.
Nous commencerons dans un troisième temps à éprouver sur le plateau les scènes écrites dans l’atelier numéro 1.
Cette initiation théâtrale nous permettra de comprendre ce qu’est un acteur, ce qu’est un personnage et comment on peut raconter une histoire vivante par le théâtre. Naîtra alors le principe d’interprétation : cela nous permettra de préparer les enfants à trouver cette « ascèse ludique » qui permet de travailler à jouer dans une mise en scène. Cette médiation existe aussi pour créer un dialogue citoyen autour de la Charte de Droits de l’Enfant, dont la France est signataire.
Atelier n°4
8 heures d’atelier scénographie et espace avec des élèves, sous la direction d’un scénographe et de Julien Rocha.
Nous inviterons les élèves à créer des projets de scénographie : réfléchir à l’espace, aux matières, aux couleurs… Le travail d’un scénographe est de réinventer l’espace, de partir d’une œuvre, des paysages proposés, et de les rendre concrets, de leur donner corps et mouvements ; car une scénographie, c’est aussi penser un espace en mouvement. Scènes après scènes, le monde bouge, il se compose et décompose au rythme de la narration. Nous proposerons cette initiation pour permettre aux enfants d’aborder leurs espaces quotidiens d’un point de vue esthétique. L’objectif n’est cependant pas de réaliser une scénographie pour le spectacle, mais d’en inventer plusieurs à l’état de maquettes, qui seront exposées avant le spectacle des élèves. Nous voulons créer des espaces mentaux de liberté, ne pas nous contraindre dans notre réalité, mais pouvoir nous donner les moyens de « maquettiser » nos rêves… Nous pourrons aussi penser à l’accessoirisation des jeunes comédiens, imaginer quels sont les accessoires nécessaires pour raconter l’histoire d’Oliver Twist, pour accompagner la jubilation liée au jeu. Nous pourrons aussi penser à la création d’une affiche qui illustrerai le spectacle.
Atelier n°5
25 heures de répétition sur une semaine, avec les élèves impliqués dans le projet, sous la direction de Julien Rocha, Delphine Grept et Benjamin Gibert.
Pendant une semaine banalisée, les élèves investissent l’espace culturel. C’est une semaine de création où tous les acteurs de ce projet sont réunis : les enfants (artistes en herbe), les artistes, le personnel pédagogique, le personnel de la structure culturelle et les représentants des différents partenaires et soutiens. Tous sont réunis ensemble pour répéter et aboutir le projet, pour trouver dans un espace de représentation publique la forme artistique finale des 2 années de travail en équipes éclatées. L’idée est de partager des moments conviviaux, nourris des rencontres précédentes et de proposer un spectacle audacieux dans les conditions qui sont celles des professionnels. Notre objectif est de concrétiser ces deux années de recherche et de travail d’initiation théâtrale et musicale. Nous souhaitons que les enfants puissent se réaliser entièrement par ce passage sur scène en public. Nous voulons, par le biais du spectacle, toucher les familles sur les thématiques de l’indifférence sociale, nous souhaitons que les uns les autres puissent se regarder autrement, nous espérons que les familles soient surprises par l’engagement de leurs enfants, nous souhaitons la création d’un dialogue à l’issu de la représentation, et la mise en place d’un « micro-trottoir » pour réunir les sensations du public…
Nous espérons mettre en place un temps de rencontre avec les enfants ayant participé à cette grande aventure et recueillir leurs témoignages pour la construction de projets futurs…